histoire

Cinquantenaire de l'Indépendance de l'Inde

Louis Bonvin, Gouverneur des Etablissements Français de l'Inde
1938 - 1945

Qui fut Louis Bonvin ?

Né en 1886 à Montluçon, il fut un ami d'enfance de Max Dormoy et son père, épicier, fut avec Jean Dormoy l'un des fondateur du Parti Ouvrier Français. Il fit ses études à Paris et obtint le diplôme d'HEC. Il entre dans l'Administration coloniale en 1912, dans les services civils de l'Afrique Equatoriale Française. En 1914, il est promu Administrateur-adjoint des Colonies, dans des postes difficiles.

L'Administrateur Bonvin fait une carrière rapide. En 1936, il est nommé Gouverneur titulaire du Gabon. Par sa vive intelligence, ses hautes capacités administratives, par l'aménité de son caractère et ses qualités de coeur, Louis Bonvin devait faire l'unanimité de la population. Ce sera l'époque fabuleuse des grands forestiers et d'une prospérité économique sans précédent que cette colonie ne connaîtra plus.

Louis Bonvin quittera le Gabon au cours de l'été 1938. Son départ sera infiniment regretté car il était devenu, aussi bien pour les colons européens que pour les Africains, l'homme qui connaissait le mieux leurs problèmes. Son souvenir est resté vivace dans le coeur des Gabonnais qui ont donné son nom à l'un des plus beaux stades de Libreville.

En 1938, le Gouvernement confie à Louis Bonvin les Etablissements Français de l'Inde où des troubles graves se sont produits dans les usines de textiles. Grâce à son habileté et surtout à son esprit d'équité, le calme revient rapidement et il gagne la confiance unanime de tous ses administrateurs à Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor.

L'armistice de 1940 jette un trouble proche du désespoir dans les Comptoirs. Le Gouverneur Bonvin réunit autour de sa personne les populations des cinq Comptoirs et insufle à tous confiance et espoir. Il est, avec Félix EBOUE, le seul gouverneur rallié au Mouvement de Libération du Général de Gaulle. Le 20 juin, Louis Bonvin fait savoir au Gouvernement français réfugié à Bordeaux « qu'il demandait la continuation de la lutte en étroite collaboration avec l'Empire britannique et que la population européenne et locale de l'Inde française était prête à tous les sacrifices ». Le Gouverneur réunit alors tous les fonctionnaires et les notables des Etablissements. Il leur fait part de sa détermination de se ranger aux côtés du Général de Gaulle. Il leur donne le choix. Presque tous le suivent avec enthousiasme.De 1940 à 1945, le Gouverneur Bonvin s'emploie à fournir toute l'aide possible aux Forces Françaises Libres, jusqu'à celles, lointaines, du Général Koenig en Lybie. Aide pour la Croix Rouge, aux soldats F.F.L., souscriptions et envois de fonds à la France Libre par les Etablissements Français de l'Inde mais aussi par les Français de Bombay, Calcutta et Delhi, le Général de Gaulle ayant désigné le Gouverneur Bonvin comme délégué du Comité National Français pour l'Inde.

Par décret de Vichy du 4 octobre 1941, il était déchu de la nationalité française. Le 14 janvier 1942, il était condamné à mort par contumace, avec confiscation de ses biens et sa femme aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Saïgon. Le 27 janvier 1942, il était nommé membre du conseil de défense de l'Empire Français et Compagnon de la Libération. En janvier 1944, il se verra décerner la Médaille de la Résistance française.

Les autorités anglaises considéraient notre Gouverneur de Pondichéry avec égard et estime. Néanmoins, jamais Gouverneur de l'Inde Française ne fut aussi intraitable pour notre souveraineté.

Quand Louis Bonvin s'en ira, en 1945, le Vice-Roi des Indes anglaises en personne lui remettra, de la part du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, l'une des plus hautes distinctions de son pays, l'Ordre de l'Empire Britannique.

Il décédera à Montluçon le 23 février 1946 après une courte et cruelle maladie.

C'est en souvenir de son père que le Général de Gaulle acceptera d'être le parrain de son dernier fils Louis Charles qui naîtra le 13 août 1946 à Montluçon.

Vivant à Genève depuis près de 30 ans, c'est avec sa collaboration que nous avons pu réunir les différents documents utiles à la réalisation de cet article.